Denys-Louis Colaux

LUC PETERS bÉnÉfices du sÉisme

Luc Peters est un artiste néerlandais né en 1950. Il est successivement dessinateur, peintre, sculpteur, artiste récupérateur. Je vais, dans le présent article, m'intéresser à la sculpture de cet artiste étonnant. L'oeuvre m'a immédiatement saisi et captivé. En même temps qu'elle déboussole, qu'elle désoriente, elle vous attrape et ne vous lâche plus. Elle s'impose à vous, secoue vos représentations, vous soumet à un chapelet de questions et vous jette dans des abîmes de réflexion. Elle est hétéroclite, anachronique (antique et contemporaine), constituée d’agglomérats singuliers, de sertissages étranges, de la rencontre de matériaux différents et parfois d'éléments de récupération. Ces totems inédits existent à mi-chemin entre la statuaire classique et le ready-made de Duchamp. Ils sont les fruits éclatés de la collision frontale entre le classique et le contemporain. Ce sont les fruits d'un pop art grec antique. Peters est un sculpteur de nouveaux vestiges, un inventeur d'antiquités récentes, il invente un très vieux présent, il déconcerte l'horloge du temps. Il y a dans l'oeuvre quelque chose d'une statuaire d'après l'apocalypse, le processus, après catastrophe, de réinvention de la sculpture avec des matériaux blessés. La statuaire de Peters est une statuaire blessée, désorientée mais plus encore elle est l'incarnation fragile et poignante du désir artistique survivant à je ne sais quel épouvantable cataclysme. Celui, peut-être, que nous mijotons patiemment. Art de l'anticipation ? C'est, à partir d'une grande blessure infligée à tout, la réinvention obstinée de l'art, de ses objets magiques ou sacrés, de ses talismans. Ce sont des Vénus d'après lle temps révolu de la beauté, des Vénus conçues en tant que vestiges. Des Vénus qui ont pris sur elles, sous la forme de quelque mutilation, un peu du désastre et de la catastrophe. Elles sont vieilles, abîmées, dégradées en naissant. Cette détérioration possède quelque chose de grand, d'infiniment poignant, elle a cette âme lourde et terrible qui plane sur les lieux dévastés. Les créations de Peters sont instruites de la faillite générale des hommes, de la planète. Elles sont dans la religion de la désespérance, dans le constat du manque et de la prothèse à quoi notre dévolution nous contraint. Elles portent aussi l'infaillibilité de l'espérance. Il se pourrait qu'elles fussent aussi de vrais miroirs, des miroirs sans complaisance, terribles à opposer à nos vanités, à nos démesures, à nos caprices, à nos rêves de perfection. Se pourrait-il aussi qu'elles nous révèlent nos fêlures, nos vieillissements, nos difformités, nos confusions, notre grotesque, notre atrocité, notre débâcle, notre fragilité ? Bris, débris assemblés pour dire les débris d'une humanité ? L'espace sculptural de Peters a la gravité de la désolation, parfois la cruauté du simulacre ou de la caricature. Ange de pierraille, de grenaille et de bouts de bois, désacralisés, destitués et pourtant, plus sacrés que jamais, plus désespérément sacrés. Oui, ce sont des blasphèmes, des sacrilèges, des enfants déchus du sacré. Et ce sont aussi, peut-être, les enfants mutilés de la renaissance du sacré, par-dessus le difforme ou, à travers lui, plus exactement. Visage désastreux, suturé, colmaté de gravats, mais désir intact de la représentation. Cet oeuvre me jette dans un désarroi habité, nerveux. Confronté à elle, je dois interroger ma conception de l'art, je suis invité à un voyage terrible et philosophique dans le parcours de l'art, ses finalités, ses errements, ses accidents, ses guerres, ses échos au réel. Je ne me souviens pas d'une secousse aussi profitable, aussi périlleusement profitable à mon cheminement personnel dans l'aventure (il n'y a pas besoin qu'elle soit magistrale) de la création. L'oeuvre de Peters me remet au pied du mur du doute. Lieu indispensable. Elle me (re)place en face des exigences de l'art, en face de sa fragilité, de sa porosité au destin et au malheur des hommes, de sa lutte pour survivre.

Denys-Louis Colaux

LUC PETERS The benefits of earthquake

Luc Peters is a Dutch artist born in 1950. He worked, successively, as a designer, painter, sculptor and did artwork with recycled materials. In this article, I shall mainly discuss the sculptural work of this amazing artist. It immediately grabbed and captivated my interest. It is disorienting and confusing but at the same time it grabs you and does not let you go. It imposes on you, shakes your sens of representation and submits you to a heap of questions throwing you into deep thoughts. It is eclectic, anachronistic ( in an ancient and contemporary way) consisting of peculiar agglomerates and weird settings; the encounter of different materials, sometime recycling bits. These unique totems are a midway between classical statuary and Duchamps readymades. They are the burst fruit of a frontal collision between the classical and the contemporary art. They seem like the fruit of an ancient Greek pop art. Peters is a sculptor of contemporary remains, the inventor of present day antiques; he invents a very ancient "now" confusing the time clock. There is something in this work as if sculpture were reinvented with "injured" material after being processed through apocalypse and disaster. Peters statuary is injured, disoriented but it is all the more a fragile and poignant incarnation of an artistic desire of survival after an indescribable and terrible cataclysm. It may be the one that is simmering patiently. Art of anticipation? It is a stubborn reinvention of art and its magical, sacred objects and talisman after a deep wound that would have been inflicted on everything. These are Venus of bygone beauty, Venus designed as mere remains. Venus who take upon themselves a little of the disaster and catastrophe at the price of some mutilations. They are already old, wasted and deteriorated at birth. This deterioration has got something great, infinitely poignant in it, it bears this heavy and terrible soul that uses to hover over devastated areas. Peters' creations show the failure of men and the planet. They are created in the religion of despair when discovering all the wants and the prostheses devolution forces on us. They also carry the infallibility of hope. But it could very well be that they are true mirrors, uncompromising mirrors, opposing terribly our vanity, our excesses, our quirks, our dreams of perfection. Could it be that they also reveal our cracks, our ageing, our deformities, our confusion, our grotesque, our outrage, our debacle, our frailty? Ruins, assembled debris to show the remains of humanity? Peters statuary bears the heaviness of desolation and sometimes the cruelty of simulacrum and caricature. Angels of gravel grit and tidbits of wood, desecrated and deposed, yet more sacred than ever, more desperately sacred. Yes, they are blasphemy, sacrilege, the fallen children of coronation. And they are also, maybe, the mutilated children of the rebirth of the sacred over the the misshapen, or through it exactly. Disastrous faces, sutured and filled in with rubble, but the desire for representation remaining unchanged. This work throws me into a nervous disarray. Confronted to it, I am forced to question my understanding of art, I am invited to a terrible and philosophical journey into the world of art, its purposes, its mistakes, its accidents, its wars, its echoes to the real. A cannot remember a shock as profitable, as perilously profitable to my personal journey into the adventure of creation ( and it does not need to be huge). Peters' work puts me up against a wall of doubt. An essential dwelling. It puts me in front of the requirements of art, in front of its fragility, of its power to suck up the fate and misery of men, in front of its struggle to survive.

exhibitions

Exposities/beursen o.a.

- Gallery Project 2.0 - Den Haag

- Galerie ArtHerb - Wetzlar, Duitsland

- Galerie DZD ART Gallery - Roermond

- Galerie Galerie Alkmaar - Alkmaar
- Internationaal Bildhauer symposium - Bad Salzhausen
- Werkschau Plastische Perspectiven Bad Salzhausen
- Gallery Colours - Den Haag
- Galerie Frederiek van der Vlist - Leiden
- de Galeriet - Delden
- Galerie Nijenhove - Diepenheim
- Galerie Sous terre - Aalsmeer
- Galerie Rudolfv - Amsterdam
- Galerie de Kunsten - Deventer
- Judith Bouwknegt Contemporary PTA - Amsterdam
- Art Laren
- Internationale kunstbeurs Linea-Art - Gent(B)
- Kunstbeurs Holland Art Fair - Den Haag
- Galerie Jas - Utrecht
- Galerie Zona - Amsterdam
- Galerie Novanta Nove - Amsterdam
- Galerie en beeldentuin de Keerder Kunstkamer - Cadier en Keer
- Galerie Dessers - Hasselt (B)
- Galerie Den Perroun - Maaseik (B)
- Galerie Outline - Den Haag
- Galerie Gadiot en Mas - Rotterdam